La teenage dirtbag aesthetic
"Teenage Dirtbag", c'est le titre d'un morceau pop rock qui est sorti en 2000 et qui raconte le crush d'un adolescent qui se sent trop naze pour que CETTE fille s'intéresse à lui. Mais finalement, à la fin, elle lui avoue qu'elle se sent naze elle aussi et elle l'invite à aller voir un concert de heavy metal avec elle. C'est niais, mais j'adore voilà.
La vibe de ce morceau, c'est un peu celle de l'adolescence et du passage à l'âge adulte de la génération Y. C'est un portrait de jeunes un peu grunges, en manque d'estime d'eux mêmes et très sentimentaux. C'est tout un style, tout un monde qui a infusé dans ma façon de dessiner depuis toujours.


La génération Y désigne les gens qui sont nés autour de 1980-1995. Je peux raisonnablement dire que j'ai été élevée par la Gen Y. Pas seulement mes parents qui m'ont eue jeune, mais aussi mes grandes cousines, mes oncles, et l'entourage, l'atmosphère culturelle. Les phases Emo de ma cousine et l'amour nostalgique de mon oncle pour Scorpion n'ont à première vue pas grand chose à voir, et pourtant, quelque chose les relie. Je dirais la dépression, les fugues, et des histoires d'amour maladroites dans un décor urbain un peu crade mais chaleureux. Les skate parks, les vestes en cuir ou en jean trop larges, les spots d'urbex... A mes yeux ces choses se rejoignent dans cette émotion que j'appelle l'esthétique Teenage Dirtbag.


Je parle d'une émotion, parce qu'elle circule dans des genres musicaux et des styles vestimentaires radicalement différents. Elle ne se réduit pas à une décennie culturelle; je crois qu'elle est née avec la Gen Y mais qu'elle est présente chez une partie de la Gen Z aujourd'hui. C'est la sensation d'être nul et de ne pas avoir d'avenir, de ne rien maîtriser, d'être submergé par un mélange de révolte, de mélancolie et de rêveries impossibles. Je retrouve carrément ça dans les petites BD de Boulet et de Pénéloppe Bagieu quand ils parlent de leur adolescence. Dans l'univers de Scott Pilgrim (Bryan Lee O'Malley). Dans "Self Esteem" de The Offspring. Dans les souvenirs de concerts avec des groupes de potes, de soirées du lycée, d'avoir fait la course avec des caddie abandonnés en pleine nuit dans les rues désertes. Mais aussi dans des animes récents ; chez les personnages de Hayace et Okarun dans DanDaDan.


Pourquoi je dis que ça a infusé dans ma façon de dessiner ? C'est dans le caractère de mes personnages, leur langage, leurs vêtements. Certains archétypes. Certaines postures, certaines expressions de visages. Certaines scènes, certains décors, certaines situations. Les discussions tard le soir, dans une voiture, ou à la lumière d'un distributeur de snacks. Les soirées télé, ciné, fast food, où au milieu du groupe de potes, un couple se forme timidement. Je trouve qu'il y a aussi tout un tas d'illustrateurs de ma générations qui ont quelque chose de cette esthétique Teenage Dirtbag. Sur insta, il y a les comics du quotidien des Teen Titans par @_picolo par exemple.


Il y a un humour un peu spécial, un ridicule qui ne tue pas. Le rapport à internet et aux réseaux sociaux, pour le meilleur mais aussi pour le pire. Une légèreté et un besoin d'aventure et de fête, mais en même temps le rapport silencieux à certains drames générationnels ; harcèlement, anorexie, suicide, entre autre choses difficiles à nommer. Voir les textes de "I Choose Violence" et "Victoria's Secret" de Jax, et "Kristy Are You Doing Okay ?" de The Offspring.
Et donc, la Teenage Dirtbag aesthetic, elle me tient à coeur. Elle fait partie de mon identité et ces derniers temps, j'essaie de travailler ma façon de mieux la communiquer avec mes dessins.
fin de l'article
nb: les photos que je montre dans cet article ne m'appartiennent pas. malgré mes recherches je ne connais pas l'identité de leurs auteurs / propriétaires ; elles ont manifestement été postées sans crédit ni permission sur pinterest. si ces images vous appartiennent ou que vous en connaissez les auteurs, ne pas hésiter à m'envoyer un message. merci !